METRIQUE DES VOIES ANTIQUES

Définitions complémentaires

Itinéraire d'Antonin


    Iter a BURDIGALA AUGUSTODUNUM", donnant la liste des points et des distances entre Bordeaux et Autun, par Saintes, Poitiers, Bourges et Decize, en 16 stations. Il paraît dater du début du IIIe siècle et comporte de très fréquentes erreurs de recopies.

Table de Peutinger.

     Document médiéval en 12 panneaux, conservé à la bibliothèque nationale autrichienne, à Vienne.C'est un répertoire graphique de cheminements. Dernière recopie d'un document romain du Ier au IIIe siècle, avec ajouts postérieurs, représentant l'ensemble des cheminements du monde connu vers Rome, elle fut découverte par un bibliothécaire, Konrad Celtes, qui la remit à Konrad Peutinger, chancelier d'Augsburg. Nous travaillons sur la reproduction de Von Scheib, 1753, segm. I, Il n'y a pas d'échelle. Seules sont figurées les principales villes et étapes intermédiaires avec indication des distances. Elle comprend de nombreuses erreurs, soit sur la nature des unités utilisées, soit nées des recopies successives des valeurs du premier exemplaire connu (1507). Une copie postérieure de Marco Velsero, éditée à Anvers par Abraham Ortelius et par son successeur Ioannes Moretvs (1598), existe en France, à la médiathèque de Troyes. Nous l'utilisons conjointement avec la reproduction de Von Scheib, avec vérification de certains points par consultation directe à l'Österreichische Nationalbibliothek de Vienne.

Epigraphie milliaire.

     Les inscriptions des bornes milliaires, dans la mesure ou elles subsistent, sont généralement restées inchangées depuis leur origine, même si la position de la borne a pu évoluer avec l'action des hommes (déplacement, transformation en sarcophage). Les parties subsistantes ont été ainsi préservées des erreurs de copiste (sauf modification postérieure de titulature). Il peut y avoir erreurs d'interprétations, mais le graphisme original est restitué avec beaucoup de sécurité dans les C.I.L. , gros catalogues qui résument nos connaissances en ce domaine. Le principal défaut de ces ouvrages, c'est de ne pas avoir correspondu à chaque édition à une relecture des documents épigraphiques, mais plutôt à une recopie de l'ouvrage précédent complété des découvertes nouvelles, assorties d'un changement de numérotation. C'est ainsi que le milliaire de Claude, à Chadenac (CM) est appelé :

N° 8900 : CIL XIII (Hirschfeld, 1907).

N° 428 : CIL XVII/2 (Walser, 1986).

N° 114 : ILA (Maurin, 1994).

     La première interprétation de Hirschfeld, concernant ce milliaire, estimant que l'inscription XXIV était relative à "Mediolanvm santonvm" et représentait des milles, est probablement incorrecte . Elle a néanmoins été reconduite par tous les auteurs suivants.

Rémanence topographique.

     La métrique d'une voie est une grandeur physique indirectement mesurée au travers d'un document cartographique moderne ou d'une photographie aérienne corrigée. La rémanence topographique consiste au repérage de points topographiques remarquables, régulièrement espacés au long de cette voie. Il s'agira de croisement de routes, de calvaires, de limites physiques (lisière d'un bois) ou administratives (paroisse, évêché, département, canton, commune ). Tout ce qui peut présenter une récurrence au long du tracé d'une voie supposée antique est intéressant. C'est l'ensemble de ces points remarquables qui permettra, en s'aidant de règles transparentes, aux différentes échelles possibles, ou d'un calcul à l'ordinateur, de retrouver les modules répétitifs, donc la métrique de la voie, démontrant ainsi son origine antique. Cette méthode remarquable n'est malheureusement pleinement utilisable que pour les parties à peu près rectilignes d'une voie. Une zone au relief par trop tourmenté en interdira pratiquement l'application.

Logique de correction

     Les tables et itinéraires, objets de tant de recopies successives, présentent tellement de chiffres parfois si manifestement erronés que les valeurs indiquées ne peuvent plus être considérées comme représentatives du document original. Il convient d'essayer de les corriger. Mais ces corrections se doivent de répondre à une logique très précise, dont nous donnerons des exemples dans les explications des tableaux. Chaque cas est un cas particulier et il faudra sans cesse formuler des hypothèses et les vérifier.

Analyse des compilations

     Les documents dont nous disposons résultent de compilations de beaucoup de source différentes dont les valeurs ne sont pas toujours relatives au mêmes unités ! Il peut y avoir mélange des milles et des lieues et même plus souvent, assimilation des lieues romanisées avec les lieues gauloises. L'analyse permet parfois de déceler un changement d'unité se produisant souvent aux fines, aux limites, aux frontières entre deux civitates, surtout si elles appartiennent à des provinces différentes.  

Influence des arrondis

     L'influence des arrondis est maximale pour les nombres de lieues les plus faibles (à l'extrême, sur un segment de 1 lieue, la plage d'incertitude atteindrait 100 % !). La précision des conversions augmente donc avec le nombre de lieues à convertir, par réduction des erreurs d'arrondis.

     Dans chaque conversion kilométrique, il sera indispensable de tenir compte des arrondis. C'est ainsi que XXIV lieues de 2415 mètre équivalent à une distance de : D = 24± 0,5 soit de 23,5 à 24,5 lieues. Ce qui permet la détermination de la plage de la plage d'incertitude kilométrique : D = 56,8 à 59,2 km.

     L'imprécision due aux arrondis sur la longueur d'un segment de XXIV lieues est de ± 0,5 / 24, soit de 4%. Nous sommes heureusement loin des 10 % de différence existant entre lieue gauloise et lieue romanisée. Pour minimiser l'incidence des arrondis et obtenir le maximum de précision, on recherchera toujours les segments les plus longs pour évaluer la métrique de la voie.

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