La grande lieue gauloise. J. Dassié. Page 5.
Clos-Arceduc, 1964.
M. Clos-Arceduc, ingénieur en chef géographe de l'I.G.N. a abordé le problème par une toute autre méthode : c'est en cherchant à répondre à la question : "Une route nationale ayant avec le parcellaire voisin des relations impliquant son ancienneté, pourrait-on trouver un second critère permettant d'affirmer qu'elle recouvre une voie romaine ?". "La remarque, au cours d'une promenade, que quatre points du "Chemin de Saint Mathurin" marqués de façon caractéristique (buissons, croix, carrefours) étaient équidistants donna corps à l'idée d'utiliser de telles coïncidences".
Les vérifications expérimentales suivirent et M. Clos-Arceduc découvrit sur cartes la présence d'une métrique de 2222m, suivie, sur d'autres itinéraires par une nouvelle métrique, d'environ 2415 m, cette fois. "L'hypothèse d'un chemin antérieur à la conquête, comme du reste les cités celtes qu'il relie, incorporé ou seulement raccordé au réseau routier des conquérants, est très vraisemblable". L'essentiel était dit !
Nous avons résumé sa méthode d'analyse sur carte sous le nom de "rémanence topographique".
Daniel Jalmain, en 1970, présentait au Colloque International sur la Cartographie Archéologique organisé par R. Chevallier) les résultats de ses investigations sur les voies entre Seine et Loire. Il citait comme une évidence indiscutable, l'existence d'une lieue gauloise de 2450 mètres sur les axes Ablis-Blois et Sens-Chartres (Bib.).
Chevallier, 1970,1972 et 1997.
Au cours de son séminaire de Topographie historique et de Photo-interprétation, à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, le professeur Chevallier, relayant M. Clos-Arceduc, s'est fait le défenseur de la pluralité des valeurs de lieues en Gaule. Il s'appuyait sur les mesures de distances à partir des itinéraires, mais également sur la rémanence topographique, en laquelle il reconnaissait une efficacité singulière.
Dans la préface de l'ouvrage de D. Jalmain (Bib.) il écrit " Or, que constate-t-on ? Que les Romains en Gaule ont utilisé trois systèmes de mesures : le mille romain, une lieue de 2222 mètres, soit un mille et demi, qui remonte peut-être à une mesure grecque, et une lieue gauloise de 2420 mètres environ, manifestement antérieure à leur arrivée, peut-être l'aïeule de la grande lieue royale. Chaque fois que l'administration romaine, plus souple et plus réaliste qu'on ne le croit, s'est trouvée devant une structure établie, ancrée dans les mœurs , elle s'est vue obligée de la respecter ou de transiger." Chevallier décrit pratiquement ainsi la genèse de la lieue "romanisée".
Fig. 2. La voie romaine Pons-Guimps commande et ordonne le parcellaire. Photo n° 76018-22 © J. Dassié.
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