Les conversions de distances, dans le cours d'un texte sont bien peu évocatrices. Nous préférons une représentation semi-graphique, plus ordonnée (tableau), permettant une visualisation globale du problème. On examinera chaque couple de valeurs pour rechercher les concordances évidentes, ce qui fournira immédiatement une indication du module de distance utilisé. Les discordances dans l'unité retenue seront analysées et plusieurs hypothèses seront expérimentées. Si l'une de ces hypothèses convient, la valeur du module sera généralisée afin de définir des rapports de distances pour les points antiques non encore identifiés avec une localité moderne.

      Comment déterminer la distance effectivement prise en compte par les créateurs du bornage des voies ? C'était une distance entre cités, de porte à porte. Mais qu'en était-il des traversées des bourgs, des rivières ? Les nombres ronds étaient-ils toujours obtenus par des arrondis ou bien parfois, par troncature ? Par où passait la voie antique, si mal définie dans les régions au relief tourmenté ? Seule l'étude des monographies régionales permettra de retrouver trace de tel ou tel témoignage incontestable.

      Le support cartographique 1/25 000^e est parfait pour des mesures curvimétriques, mais la manipulation d'un grand nombre de cartes (plus de 200 pour la zone considérée) n'est pas chose facile (sans évoquer les coûts). L'échelle du 1/50 000^e devient plus agréable à utiliser, tout en conservant une excellente précision. Le 1/100 000^e constitue pratiquement la dernière échelle très fiable (tout en commençant à nécessiter des corrections du fait du lissage cartographique). Cette carte présente l'avantage de fournir des informations de distance, même sur les petites routes (il conviendra également de les corriger puisqu'elles sont mesurées de centre ville au centre ville !). Malgré toutes ces imperfections, ces mesures de distances finissent par être statistiquement très fiables et c'est en multipliant les exemples d'applications qu'on pourra aboutir à une quasi-certitude sur leur validité.

      La vérification au sol peut s'effectuer en utilisant les moyens techniques modernes : télémètre laser et surtout récepteur de satellites GPS. Ce dernier système permet de suivre, même en voiture, les petites routes et chemins de culture qui recouvrent souvent la voie et d'enregistrer instantanément la position de tous les points remarquables et cela avec une précision d'une quinzaine de mètres, même sur plusieurs dizaines de kilomètres.

Application aux inscriptions des bornes milliaires.

      Nous avons retenu quelques exemples de bornes régionales porteuses d'indications de distance multiples, facilitant une meilleure évaluation du module utilisé. L'objection "les milliaires ne sont pas en place" est souvent formulée. C'est vrai, et c'est la raison du choix de ces milliaires afin qu'une éventuelle triangulation trigonométrique permette de déterminer (ou simplement de confirmer) la localisation initiale. Si un milliaire portant seulement deux inscriptions, se trouve placé sur une voie incontestable (cas du milliaire de Rom, évoqué ci-dessous), c'est encore plus simple puisque la somme des indications donne généralement la distance civitas-fines, permettant de déterminer aisément la métrique employée, donc la position initiale de la borne.

      La première application concerne l'inscription de la borne milliaire du Moutiers d'Ahun, dans la Creuse. (CIL N° 8911). Ce milliaire porte deux indications de distances : PR XX et L XXXIII. D'après Grenier, ces mentions correspondent à St Goussaud et Limoges. A. Grenier, page 90 (Bib.). Cheminements proposés :