La grande lieue gauloise. J. Dassié. Page 8.
Conditions de mesure des distances
1° Les erreurs de recopie.
Les documents sont issus de recopies successives si nombreuses que les valeurs indiquées ne peuvent plus être considérées comme totalement représentatives de l'original. Les confusions entre X et un V dont les jambages se croisent un peu trop haut sont innombrables. De même, la confusion dans le nombre de barres terminales (XVIIII traduit par XVIII ou réciproquement) est très fréquente.
2° Les unités utilisées.
Ces documents sont la somme de beaucoup de compilations dont les valeurs ne sont pas toujours relatives aux même unités. Il peut y avoir mélange des milles et des lieues, et même, souvent, assimilation des lieues romanisées avec les lieues gauloises. L'analyse permet parfois de déceler un changement d'unité entre différents segments d'un itinéraire (annexe II-3).
3° Le cheminement réel.Les étapes mentionnées sont parfois assez grandes et le parcours réel peut emprunter différents itinéraires entre des points parfaitement attestés. Il sera essentiel de corroborer par d'autres sources la validité du trajet retenu, en étudiant toutes les observations locales de la présence physique de la voie.
4° Les milliaires.
Il est heureusement d'autres monuments qui ont traversé les siècles sans recopies sinon sans altérations. Il s'agit des bornes milliaires, documents incontestables. Nous nous intéresserons à celles présentant des valeurs numériques et plus spécialement à celles porteuses de multiples inscriptions de distance (ces inscriptions multiples autorisent souvent une localisation réelle de l'implantation initiale, par des méthodes de triangulation). La mise en rapport de ces indications avec les mesures de distance telles qu'on peut les faire aujourd'hui fournira les éléments les plus sûrs en matière de métrique des voies antiques.
Sans arrêt, il faudra partir des localisations assurées et des distances connues pour définir le module de distance réellement utilisé et l'appliquer avec précaution aux segments voisins.
Métrique des voies.
Les bornes milliaires, par leurs dimensions, par leur facilité d'identification et leur survivance au cours des siècles, ont toujours joué le rôle d'un pôle d'attraction, d'accrétion, dont les manifestations perdurent dans la trame topographique et cartographique moderne. L'existence de la métrique d'une voie implique, tout au long du trajet supposé, la présence de repères caractéristiques (routes, chemins, calvaires, croisements, limites administratives, bois etc) survenant à des distances régulières, révélatrices d'un bornage antique. On déplacera au long de la voie des règles transparentes, graduées aux différentes échelles des cartes et des unités recherchées. Si elle a été effectivement bornée et si l'on a trouvé le bon module, un certain nombre de coïncidences successives apparaîtront alors. Dès que leur nombre dépasse trois ou quatre, les probabilités démontrent que le hasard ne peut plus jouer aucun rôle et que la voie présente bien la rémanence topographique d'un bornage antique. |
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