La grande lieue gauloise. J. Dassié. Page 7.
Nos vérifications topographiques confirment tout un éventail de valeurs comprises entre 2400 et 2500 mètres, en fonction de la connaissance et de la précision du tracé de la voie, de la précision des mesures et de la précision de l'implantation des bornes !
En effet, rien ne garantit que les différents peuples gaulois avaient "standardisé" une valeur uniforme, ni qu'ils possédaient les moyens techniques de l'appliquer rigoureusement ! Il serait illusoire, dans l'état actuel de nos connaissances, de vouloir assurer la valeur des deux derniers chiffres significatifs, en dehors de mesures pratiques sur des segments parfaitement définis et incontestables.
Pour nos applications, nous retiendrons une valeur moyenne de conversion de la grande lieue indigène : celle de 2450 mètres, sans accorder une importance particulière à la valeur des 3ème et 4ème chiffres significatifs. La grande lieue gauloise ne mesure pas exactement 2450 mètres, ce chiffre est une valeur centrale de la plage des valeurs observées (2450 m +/- 2%). Cette valeur, appliquée aux exemples retenus, minimise les erreurs de conversion, donnant des résultats extrêmement cohérents et convaincants.
Pour éviter toute confusion, nous appellerons la lieue des textes, celle d'Ammien Marcellin, de 1,5 mille ou 2222 mètres, la "lieue romanisée", expression probablement assez proche de la réalité.
Valeurs de la lieue et auteurs.
Année |
Auteur |
Titre |
Lieue de 2222 m |
Lieue 2400 à 2500 m |
1760 |
d'Anville |
Notice de l'ancienne Gaule |
oui (2211m) | |
1770 |
de la Sauvagère |
Recueil d'Antiquités dans les Gaules |
oui (2225m) | |
1844 |
Abbé Lacurie |
Notice sur le pays des Santons ... |
oui | |
1852 |
Pistollet de St Ferjeux |
Mémoire sur l'ancienne lieue gauloise |
oui |
oui (2415 m) |
1865 |
Aurès |
Mémoire |
oui |
oui (2436 m) |
1886 |
Desjardins |
Géographie de la Gaule romaine |
oui |
non |
1891 |
Lièvre |
La lieue gauloise |
oui |
oui (2436 m ) |
1907 |
Hirschfeld |
Corpus Inscriptionum Latinarum XIII |
oui | |
1912 |
Julian |
La Gaule dans la Table de Peutinger | ||
1928 |
Clouet |
En suivant deux voies préromaines ... | ||
1934 |
Grenier |
Manuel d'archéologie gallo-romaine |
oui | |
1952 |
Duval |
Vie quotidienne en Gaule |
oui | |
1954 |
Piveteau |
Voies antiques de la Charente | ||
1964 |
Clos-Arceduc |
La métrique des voies gallo-romaines |
oui |
oui (2415 m ) |
1970 |
Jalmain |
Archéologie aérienne en Ile-de-France |
oui |
oui (2450 m) |
1972 |
Chevallier |
Les voies romaines (Colin) |
oui |
oui (variables) |
1977 |
Dassié |
Découverte de Novioregum |
oui |
oui (2415 m ) |
1978 |
Maurin |
Saintes antiques |
oui (2222 m) | |
1986
|
Walser
|
Corpus Inscriptio. Latinarum XVII
/ 2
|
oui
|
|
1994 |
Denimal |
La voie Aquitanique d'Agrippa |
oui |
non |
1994 |
Maurin-Tassaux-Thauré |
Inscriptions Latines d'Aquitaine |
oui | |
1997
|
Chevallier
|
Les voies romaines (Picard)
|
oui
|
variantes admises
|
1999 |
Dassié |
La grande lieue gauloise (Gallia) |
oui |
oui (2450+/-50 m ) |
Le "non" est une récusation de cette valeur, alors que l'absence de réponse indique que l'auteur n'en fait pas état.
Détermination du module de distance. Terminologie.
Il est important d'éviter les confusions entre la métrique d'une voie, issue de l'analyse topographique, photographique ou cartographique, représentant la réalité physique de la voie et la survivance de son bornage, avec les modules de distance utilisés dans les itinéraires, obtenus par le calcul. La relation directe entre ces termes n'est peut-être pas toujours vérifiée. (Glossaire).
L'étude des documents géographiques anciens, tels la Table de Peutinger (T.d.P.) et l'Itinéraire d'Antonin (I.d'A.), révèle beaucoup d'anomalies. Qui pourrait encore soutenir que la distance entre Burdigala et Blania (T.d.P.) est de IX lieues de 2222 m, soit 20 kilomètres, ou encore que le même trajet sur (I.d'A.), représente m.p. XVIIII milles de 1481 m, soit 28 kilomètres, alors que la distance sur carte est de l'ordre de 46 kilomètres ! Il existe différentes raisons importantes pouvant expliquer les difficultés de correspondance entre ces documents anciens et la géographie moderne.
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