PHOTOGRAPHIE
Photographie.
En
archéologie, la photographie aérienne servira à
démontrer de façon incontestable l'existence physique
des indices détectés lors de la découverte d'un
nouveau site. Mais il ne faut pas négliger la fonction "mémoire
touristique" d'une promenade aérienne. Quelles sont les
contraintes auxquelles le prospecteur-photographe va se trouver confronté
?
Trahi par son ombre... Le pilote-photographe en pleine action. Autoportrait ©
J. Dassié
Mouvements de l'avion.
Par
essence même, l'avion doit se déplacer dans la masse
d'air pour que soit créée la force de sustentation qui,
si elle est égale à son poids, le maintiendra sur une
trajectoire horizontale. La vitesse de déplacement est de l'ordre
de 50 mètres par seconde (180 Km/h) sur la majorité
des appareils du parc privé français. Et 50 m/s représente
un déplacement de 0,50 m si la prise de vue est effectuée
au 1/100e de seconde. Bien sûr, le déplacement
relatif sera compensé partiellement par le photographe qui
tentera de maintenir le sujet parfaitement centré dans son
viseur, en dépit des mouvements parfois incohérents
(turbulences) de l'avion.
Conclusions : on aura tout intérêt
à choisir une vitesse d'obturation élevée : 1/500e,
et faire confiance à l'automatisme du diaphragme.
Tout à fait possible en photographie numérique.
De plus, un avion est propulsé
par un moteur à explosion... D'ou des vibrations considérables
et la nécessité absolue de ne jamais toucher le plexiglass avec l'objectif ou l'appareil, ni même les parois de l'avion
avec le coude
(ce que l'on a tendance à faire tout naturellement...). L'inertie
corporelle supportée par le coussin anti-vibratoire des muscles
fessiers constituent un merveilleux système de filtrage, toujours
disponible...
Sensibilité des appareils
numériques
Pour les appareils numériques
reflex, une sensibilité de 800 ISO conviendra parfaitement et autorisera
de grands agrandissements sans problème.
Mise au point.
Il
faut parfois se méfier de la mise au point automatique des
appareils modernes : nous avons eu la surprise d'avoir un film entier
dont la mise au point s'était effectuée sur le plexiglas
et non sur le sujet ! Conclusions
: passer toujours la mise au point des appareils automatiques sur
"manuel", la régler sur l'infini et -par mesure de précaution-
bloquer la bague des distances sur cette position avec un morceau
de ruban adhésif.
Ça, c'est la véritable sécurité
!
Prise de vue dans un cockpit fermé.
La présence
d'un écran en Plexiglas diminue la définition de l'image.
Même si la partie avant du cockpit
est dite de "qualité optique", on peut estimer que la présence
d'un Plexiglas fait tomber la définition du couple objectif/émulsion
à environ la moitié de sa valeur. Mais cette définition
altérée est encore très supérieure à
la définition nécessaire pour reproduire correctement
la transition clair/foncé du bord d'un fossé. Dans la
nature cette transition n'est jamais nette et s'effectue sur quelques
décimètres, voire, un mètre. La quasi totalité
des images présentées sur ce site ont été
prises au travers d'un cockpit. Y compris les vues à caractère
touristique, comme les villes, les détails de quartiers ou les maisons.
Inconvénient inattendu...
Dans un cockpit fermé, on fait un large usage de la climatisation,
été comme hiver. L'air utilisé passe généralement
par le capot moteur et se fait éventuellement réchauffer
en passant sur les ailettes des cylindres (nos moteurs sont à
refroidissement par air). Or, un moteur à explosion pulvérise
en permanence de microscopiques goutelettes de son lubrifiant : l'huile...
Si bien qu'après une demi-heure de vol, appareil photo autour
du cou, sans son capuchon d'objectif, donc souvent en plein dans le
jet d'air de la climatisation, le viseur montre des images palichonnes,
sans contraste, floues !
L'examen de la lentille frontale de l'objectif donne un résultat
sans appel : sa surface est constellée de minuscules gouttelettes
d'huile ! Mieux vaut ne rien tenter en l'air, changer d'appareil ou
d'objectif et orienter dans une autre direction les sorties de climatisation.
De
retour au laboratoire, il conviendra d'agir sans retard. Il
faut absolument enlever cette huile avec un solvant non agressif.
Mais la lentille frontale n'étant pas garantie étanche,
il faut faire très attention à ne pas en faire pénétrer
dans l'objectif ! Pour cela, la meilleure solution est de conserver
l'objectif incliné vers le bas pendant toute la durée
de l'opération. Avec un pied et une rotule, c'est très
facile et cela laisse les mains libres.
- Passer
une petite touffe de coton hydrophile, imbibée d'eau déminéralisée
à laquelle on aura ajouté quelques gouttes d'un dégraissant
ménager (liquide vaisselle, une dizaine de gouttes dans un
bol), sans presque appuyer, pendant 20 ou 30 secondes.
- Renouveler deux ou trois fois l'opération, en changeant le
coton, puis sécher avec un papier absorbant très doux.
- Terminer avec un papier imbibé spécial pour nettoyage
de lunette, ou utiliser un produit professionnel, le "Lens cleaner"
de Rank Xerox.
Ces opérations
fonctionnent très bien avec d'autres types de pollution : dépots
de sel par les embruns marins, par exemple.
(Ça vous apprendra
qu'il ne faut pas faire de rase-mottes sur les vagues...).
Avions disposant d'une trappe latérale
ouvrante.
Ce
dispositif équipe parfois certains appareils. Il peut être
très pratique. On peut toutefois lui reprocher une certaine
exiguïté (il est parfois difficile de viser juste au travers
de cette petite ouverture, lorsqu'il y a des turbulences). On
évitera également de laisser déborder l'objectif
ou le pare-soleil dans la veine d'air extérieure : il se forme
souvent un bourrelet d'air comprimé qui, jouant le rôle
de lentille parasite, vient lui aussi dégrader la qualité
optique de l'objectif. On ne devra en
aucun cas toucher les parois avec l'objectif. En raison des vibrations
moteur, ce serait un flou assuré.
Photographie numérique.
L'appareil
idéal est le réflex. Toutes les grandes marques se valent ! Mais en
raison de notre parc d'objectifs, nous avons retenu les reflexes Canon
comme appareils de base. Il sont suffisament robustse et solides. Un
Canon 5D est la bonne machine increvable, dont le format capteur (24 x
36 mm) autorise des recadrages incroyables.... Mais nous avons aussi
beaucoup utilisé le Canon 20 D. Et le 5D MkII actuel, qui autorise en
outre des séquences vidéo en HD, fort impressionnantes lors d'un survol
basse altitude (Attention aux limitations imposées par la
réglementation ! Moi, je ne vous ai rien dit !).
Nous atteignons là d'autres niveaux de qualité technique. Ils ne sont absolument pas indispensables.
L'utilisation d'objectifs stabilisés constitue un plus considérable.
J'en reviens toujours au Canon 28-135mm IS USM, parfait pour les vues générales
ainsi que pour les vues détaillées, sans changer d'altitude
!
Que les débutants évitent absolument le piège mortel qui consisterait à
s'équiper d'une longue focale, sous pretexte que "ça grossit plus !".
Maintenant croyez-moi, ce n'est pas un matériel luxueux qui fait les
meilleures images. Et je garde un souvenir ému de ces milliers de
diapositives faites dans les années soixante, avec une simple Rétinette
Kodak et du Kodachrome 25 ASA...
C'était
il y a tout juste... un demi-siècle ! Incroyable, non ?
|