Les "Histoires de Jacques" -17-
UNE
HÉLICE CONTESTATAIRE...
Petit vol de routine, sans histoire…
Le Navion d'un ami n'avait pas tourné depuis quelques jours. Je le
pilotais
régulièrement et comme je disposais d'un créneau cette après-midi
là, je
lui passais un coup de fil pour l'informer de mon projet de voler une
petite
demi-heure. Décollage de Toussus, puis Saint-Cyr et Beynes, aux
altitudes autorisées. A
partir de là, montée vers 2500 mètres et mise en croisière normale.
Tout d'un
coup, lors de l'augmentation du pas de l'hélice, des vibrations
extrêmement
violentes apparaissent subitement, à croire que l'avion se désintègre …
Réduction moteur immédiate, les vibrations deviennent très
faibles. Remise
prudente des gaz : réapparition violente instantanée ! Donc tout réduit
et
conseil de guerre avec moi-même…
Je suis encore à plus de 2000m de hauteur sol… Cap sur le terrain le
plus
proche (Beynes) et réglages des paramètres sur la vitesse de finesse
maximum.
L'avion se contrôle parfaitement et je pense que je pourrai facilement
atteindre Saint-Cyr-l'Ecole que je contacte par radio, en expliquant la
situation et en demandant liberté de manœuvre. Accord de Saint-Cyr.
Mais plus je m'en rapproche et plus je me dis que, vu mon altitude, je
pourrai
même atteindre Guyancourt ! Sitôt pensé, sitôt radio vers Guyancourt,
qui est
d'accord, puis contact avec à Saint-Cyr pour les informer du changement
de
destination. Verticale Guyancourt, j'étais encore vers 500 mètre (le
Navion, tout rentré,
est assez fin) et le processus se répète : Toussus, ma base, avec ses
ateliers
de réparation, est vraiment la destination idéale.
"Toussus, de Fox-Bravo-Alpha… " Ils sont d'accord et
éjectent
les autres avions du circuit, me laissant totale liberté de manœuvre.
"Guyancourt, de Fox… changement de destination, je vais me poser à
Toussus…" Evolution peu orthodoxe dans le circuit de Toussus, une
petite
PTU un peu glissée et voilà les roues au starter ! Je laisse rouler
sans
freiner pour atteindre le bout de piste et tout couper ! Ouf.
Les
pompiers arrivent et vont me remorquer jusqu'au parking de
France-Aéro-Services. Un peu plus tard, c'est tout le gratin des
mécaniciens qui entouraient l'avion
et ne trouvaient rien. On a fait plusieurs remises en route et c'était
toujours
le même scénario : dès que l'on voulait accélérer, les vibrations
reprenaient. Tout
en discutant, le chef d'atelier mécanique s'est appuyé sur l'hélice
(arrêtée,
évidemment..).
Geste machinal et attitude courante. Oui, mais là, la pale a
tourné sous la pression ! La cause
était entendue : rupture en vol de la butée de pale ! Le lendemain,
c'était réparé.
Le tableau de bord, très complet, du Navion.
Histoire
banale : un incident mécanique, rare peut-être, mais pas
extra-ordinaire ! Mais au moment où il se produit, on ressent une
petite bouffée d'émotion, et les paroles historiques s'échappent "Ah,
merde alors, qu'est-ce que c'est que ce fourbi ?"
Puis les acquis de l'entraînement reprennent le dessus : on rend
aussitôt la main, tout droit et l'on dose la pente pour qu'elle
corresponde bien à celle de finesse maximale de l'appareil. Ensuite le
tour d'horizon et l'analyse des instruments pour être bien sur de sa
position et rechercher une
zône d'atterrissage, sachant bien qu'un terrain d'aviation a vocation
pour cela et se trouve infiniment préférable à un champ de pommes de
terre ! e
L'altitude
est un facteur très important et quand "il y a beaucoup d'eau sous la
quille", on est plus tranquille et on a un peu plus le temps de se
concentrer. C'est même l'une des raisons qui me faisaient choisir en
voyage des niveaux vers les 115-125. Et j'ai eu l'occasion de m'en
féliciter ! (Panne moteur au-dessus de la couche, avec en dessous : le
Massif Central...).
Voir l'histoire "Venise, le Lido".
Voilà,
cette anecdote est terminée, mais il y en a d'autres...